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Si les garçons et les filles suivoient ensemble le même cours d’études, on pourroit leur inculquer de bonne heure ces graces de la décence d’où naît la modestie, sans ces distinctions sexuelles qui souillent l’esprit. Ces leçons de politesse et ce formulaire de bienséance, qui avoisinent la fausseté, deviendroient inutiles par l’habitude d’une conduite toujours convenable, qu’on ne prendroit pas comme la robe de cour pour recevoir les visites, mais qui seroit le vrai résultat de la pureté de l’ame. Cette élégante sincérité, ce chaste hommage rendu aux affections domestiques, ne seraient-ils pas bien supérieurs à ces complimens que l’usage prostitue, et qui brûlent d’un faux éclat dans le commerce superficiel d’une vie à la mode ? Mais, tant qu’une intelligence cultivée ne prévaudra pas dans la société, il y aura toujours disette de cordialité et de goût, et le fard des courtisannes occupera la place de ce coloris céleste que les affections vertueuses peuvent seules répandre sur les traits de l’innocence. La galanterie et ce qu’on appelle amour peut subsister sans l’ingénuité du caractère ; mais les bases