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développassent notre raison sans doute il se détermina pour cette belle idée parce qu’il vit que le mal présent produiroit un bien futur. Les foibles créatures qu’il a tirées du néant pourroient-elles se soustraire à sa providence, et se flatter d’apprendre, sans sa permission, à connoître le bien, en pratiquant hardiment le mal ? non ! — Comment donc cet énergique défenseur de l’immortalité a-t-il pu raisonner d’une manière si peu conséquente ? Que le genre humain fut resté pour jamais dans l’état brut de nature, qu’il a été impossible même à sa plume magique de nous peindre comme un état dans lequel une seule vertu prenne racine, il auroit été clair, quoique peut-être l’homme purement sensitif et errant au hazard ne s’en fut point apperçu, que la Créature humaine étoit liée pour parcourir le cercle de la vie et de la mort, et que Dieu l’avoit placée dans le magnifique jardin de la création pour quelque fin qu’il n’étoit pas aisé d’accorder avec ses attributs.

Mais si pour couronner son ouvrage, il falloit qu’il créât des êtres raisonnables, doués de la faculté d’avancer en excel-