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tion, si elle ne purifioit pas le cœur. La célébration d’une grande messe, sur le continent, doit, il en faut convenir, porter dans une ame où brille quelqu’étincelle d’imagination, une mélancolie respectueuse, une sublime tendresse, bien voisine de la dévotion[1]. Je ne prétends pas que cette dévotion sentimentale soit d’un plus grand usage, que toute autre émotion du goût ; mais je soutiens que cette pompe théâtrale qui satisfait nos sens, doit être préférée à la froide nudité qui insulte à l’intelligence, sans arriver jusqu’au cœur.

  1. Note du traducteur. Il faut convenir que la réforme se sent beaucoup de l’esprit farouche des premiers réformateurs. Ils ne voyoient dans le papisme que paganisme et idolâtrie, et leur saint zèle proscrivoit sans miséricorde tout ce qui pouvoit passer à l’imagination et aux sens. Ils ne faisoient pas réflexion qu’il n’y a pas de religion populaire sans images, et que la religion païenne avoit été si savamment calculée par les législateurs, si heureusement embellie par les poëtes, que malgré toutes les révolutions religieuses, elle est restée encore la religion du genre humain. Tout ce que regrette ici la bonne Miss Wollstonecraft, n’est autre chose que des cérémonies sûrement païennes.