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mère, en voulant donner à son fils l’air et les talens qui caractérisent un rang honnête, étouffe dans leur naissance les vertus de l’homme. Ainsi menées en compagnie, quand ils devroient être sérieusement occupés, et traités comme des hommes, quand ils ne sont encore que des enfans, ils deviennent vains et efféminés.

Le seul moyen d’éviter deux excès également contraires aux mœurs, seroit de combiner l’éducation publique avec l’éducation particulière. Pour faire des hommes et des citoyens, on pourroit prendre deux routes qui méneroient directement au point désiré. On cultiveroit les affections domestiques, qui ouvrent le cœur aux diverses modifications de l’humanité ; et néanmoins on laisseroit les enfans passer, sur le pied de l’égalité, une grande partie de leur tems avec d’autres enfans.

Je me rappelle encore avec plaisir une école de campagne, où un garçon se rendoit dès le matin, par un tems sec ou humide, portant ses livres et son dîner ; lorsqu’elle est à une distance considérable, un domestique ne mène pas le jeune monsieur par la main ; une fois habillé, on