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sentiment d’affection, pour veiller sur vous jusqu’à ce que votre raison soit développée mais quand votre esprit sera parvenu à sa maturité, vous ne devez m’obéir, ou plutôt respecter mes opinions, qu’autant qu’elles s’accorderont avec la lumière qui éclairera votate propre entendement.

Une obéissance servile envers les parens, gêne les facultés intellectuelles, et M. Locke observe très-judicieusement que « Si l’ame est trop comprimée, trop abaissée dans les enfans, si l’on tient trop la main à leur conduite, ils perdent toute leur vigueur et toute leur habileté ». C’est à cette gêne excessive qu’on peut attribuer à quelques égards, la foiblesse des Femmes ; car les filles, par différentes causes, sont plus gênées par leurs parens, dans toute l’étendue du mot, que les garçons. Le devoir qu’on exige d’elles, comme tous les devoirs imposés arbitrairement aux Femmes, tient moins à la raison, qu’au sentiment de la propriété, et au respect pour le décorum. C’est ainsi qu’en leur apprenant à se soumettre servilement à leurs parens, on les prépare à la servitude conjugale. On me dira que nombre de