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tends pour le moment, c’est qu’à moins que l’intelligence de la Femme ne s’aggrandisse, et que son caractère n’acquière plus de fermeté, ce qui ne peut être, qu’autant qu’on lui permettra de se gouverner elle-même, elle n’aura jamais assez de bon sens, ou d’empire sur son humeur, pour élever ses enfans d’une manière judicieuse. Dans le fait, son affection maternelle mérite à peine ce nom, tant qu’elle ne la conduit point à nourrir elle-même le fruit de ses entrailles, parce que l’accomplissement de ce devoir est également calculé par l’auteur de toutes choses pour inspirer à la fois l’affection maternelle et filiale : les deux sexes sont indispensablement obligés de remplir des devoirs qui font naître en eux des affections où ils trouvent le plus sûr préservatif contre le vice. L’affection naturelle, comme on la nomme, ne me paroît qu’un lien très-foible ; c’est de l’exercice habituel d’une sympathie éprouvée des deux côtés que doivent naître les affections ; et quelle sympathie exerce une mère, qui envoie son enfant à une nourrice à gage, et ne le