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sots raisonneurs s’en vont toujours criant que ces argumens prouvent trop ; ils vous donnent à la place leurs mesures, détestables au fond, sous prétexte de facilité. C’est ainsi qu’on oppose cette facilité malheureuse aux simples principes, jusqu’à ce qu’enfin la vérité se trouve perdue dans un nuage de mots, la vertu dans un amas de formes, et que la science, privée de réalité, soit réduite à son nom, qu’on fait sonner bien haut, quoique ce ne ce soit plus elle et qu’on lui ait substitué des préjugés spécieux.

Un société dont la constitution se fonde sur la nature de l’homme, est certes la plus sagement ordonnée ; cette vérité frappe tout être pensant d’une telle évidence qu’il regarde comme présomptueux celui qui veut en administrer des preuves ; il faut pourtant en donner, ou les préjugés feront valoir contre la raison la prescription d’une possession immémoriale. Cependant, citer la prescription pour justifier les refus faits aux hommes (ou aux Femmes) de l’exercice de leurs droits naturels, est un des sophismes absurdes qui insultent journellement au sens commun.