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si l’on ne la lisoit que comme une simple biographie, si l’on n’y observoit le caractère des différens siècles, les progrès dans la politique, dans les arts : en un mot, si l’on ne la considéroit comme l’histoire de l’homme en général, et non comme celle de quelques individus qui ont occupé un piédestal dans le temple de la renommée, et sont tombés ensuite dans le torrent du tems, dont les vagues silencieuses entraînent tout devant elles dans le gouffre sans forme qu’on appelle éternité ; « car pourroit-on nommer forme ce qui n’a pas de forme ? »

Il ne manque pas d’autres occupations auxquelles elles pourroient se livrer, si elles étoient élevées d’une manière plus convenable, ce qui en empêcheroit plusieurs de tomber dans la prostitution. Les Femmes ne se marieroient point alors pour avoir un soutien, comme les hommes qui acceptent des places du gouvernement, sans en remplir les devoirs : le soin de gagner leur subsistance, le plus louable de tous, ne les placerait pas presque au niveau de ces pauvres créatures abandonnées, qui vivent de la débauche ; car les faiseuses de modes