Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(380)

être soumise à une sévère contrainte, celle de la propriété ; mais pourquoi la soumettre à cette condition, si elle est capable d’agir d’après le plus noble principe, si l’immortalité doit être son partage ? Le sucre sera-t-il toujours le produit d’un sang vital ? Faudra-t-il que, semblable à ces pauvres esclaves africains que des préjugés brutaux asservissent, lorsque des principes seroient un moyen bien plus sûr de les retenir, faudra-t-il, dis-je, qu’une moitié de l’espèce humaine soit traitée comme eux uniquement pour sucrer la coupe de l’homme ? N’est-ce pas indirectement refuser la raison à la Femme ; car un présent n’est qu’une mocquerie, si l’on ne peut en faire usage.

Les hommes et les Femmes sont affaiblis et amollis par les plaisirs énervans que procure la richesse ; mais ajoutons que celles-ci sont esclaves de leur personne, et qu’il faut qu’elles se rendent attrayantes, pour que l’homme leur prête sa raison et dirige leurs pas chancelans. Les supposerons-nous ambitieuses ? il faudra qu’elles gouvernent leurs tyrans par des ruses malhonnêtes ; car où il n’y a point de droit,