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ment, dans la simple vue d’être remarquée par les hommes, de leur arracher des soupirs, et d’en obtenir tout ce vain culte qu’on appelle innocente galanterie ; si les Femmes respectaient réellement la vertu pour elles-mêmes, elles ne chercheroient point dans la vanité de dédommagement de l’abnégation qu’elles sont obligées de pratiquer, afin de conserver leur réputation ; elles ne fréquenteroient pas non plus des hommes qui peuvent les compromettre.

Les deux sexes se corrompent et se perfectionnent réciproquement ; c’est-là, je crois, une vérité incontestable, et l’on peut étendre ce principe à toutes les vertus. La chasteté, la modestie, l’esprit public, et toute la suite des qualités respectables, sur lesquelles reposent le bonheur et la vertu sociale doivent être connues et cultivées par tout le genre humain, où elles le seront avec bien peu de fruit, si ce n’est que partiellement. Au lieu de fournir au vicieux et au lâche un prétexte pour violer quelque devoir sacré, en l’appellant seulement un devoir sexuel, on feroit plus sagement de leur montrer que la nature