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de l’appétit. — Cependant, comme elle est grossièrement outragée par le voluptueux ! Laissant de côté les rafinemens de l’amour, la nature à cet égard, comme à tout autre, a attaché du plaisir au besoin : une loi naturelle et impérieuse, pour la conservation des espèces, exalte l’appétit, et mêle quelque chose d’intellectuel et de sentimental au désir sensuel. Les sentimens de la paternité, mêlés à un instinct purement animal, lui donnent de la dignité. L’homme et la Femme s’accordant souvent dans leurs rapports à leur enfant, l’intérêt mutuel et l’affection sont excités par l’exercice d’une commune sympathie. Les Femmes ayant alors nécessairement à remplir quelque devoir plus noble, que celui d’orner leur personne, ne se réduiroient point à être les esclaves d’une brutalité accidentelle. Voilà cependant la condition présente d’un très-grand nombre de Femmes qui, littéralement parlant, peuvent être considérées comme des plats, auxquels il est libre à chaque glouton de porter la main.

On pourroit m’objecter que quelqu’énorme que soit cet abus, il n’attaque qu’une