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conclure d’après l’expérience, que de deux personnes presqu’égales en vertu, celle dont le caractère sera plus négatif, plaira davantage dans le monde, tandis que l’autre aura plus d’amis dans la vie privée ; mais quoique les inégalités qu’on remarque dans les vertus des grand-hommes soient plus prononcées, quoiqu’elles offrent à la foiblesse envieuse le but certain vers lequel elle doit diriger ses coups, le vrai caractère, en dépit des éclaboussures de la malice ingénieuse, n’en jette pas moins son éclat[1].

Je ne ferai point de commentaire sur cette susceptibilité de réputation, sur l’attention avec laquelle on l’analyse ; mais je suis effrayée de voir la moralité tellement défigurée chez les Femmes, que l’apparence absorbe tous leurs soins, et leur fait négliger la réalité. C’est ainsi qu’une chose toute simple, devient étrangement compliquée ; il arrive même quelquefois que la vertu et son simulacre varient sui-

  1. L’auteur fait allusion à différens auteurs biographiques ; mais particulièrement à Baswel, dans sa vie de Johnson.