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Sans doute, beaucoup de gens obtiennent une réputation meilleure à plusieurs égards qu’ils ne la mériteroient, si l’on vouloit se rendre difficile ; car dans toutes les courses[1], une industrie active et qui sait ne pas se relâcher, est à-peu-près sûre de gagner les paris. Ceux qui ne visent qu’à cette chétive récompense comme les Pharisiens qui prioient aux coins des rues pour se faire remarquer obtiennent ordinairement le prix qu’ils cherchent, parce qu’après tout, l’homme ne sauroit lire dans le cœur de l’homme. Mais la bonne réputation, produit naturel des bonnes actions de l’homme qui ne cherche qu’à marcher droit sans s’inquiéter des spectateurs, est en général, non-seulement de meilleur alloi, mais même plus aisée à obtenir.

Il existe, il est vrai, des épreuves cruelles où l’homme de bien ne peut qu’en appeler à Dieu, de l’injustice des hommes ; où il est obligé de s’envelopper de sa vertu comme d’un manteau ;

  1. Allusion aux courses de chevaux de New-Marcket, etc.