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base, est aussi mobile que trompeuse !

Ô ! mes sœurs, voulez-vous réellement posséder la modestie ? Souvenez-vous que la profession de quelque vertu que ce soit est incompatible avec l’ignorance et la vanité. Acquérez cette justesse de tête qu’on doit à l’exercice de ses devoirs, et à l’étude des choses solides ; autrement vous resterez toujours dans la situation précaire et dépendante dont vous vous plaignez. Et l’on ne vous aimera, qu’autant que dureront vos charmes ! l’œil modestement baissé, la rougeur virginale et la pudique réserve, toutes ces qualités ont leur prix dans leur saison, mais la modestie, étant la fille de la raison, ne sauroit long-tems exister avec une sensibilité qui n’est point tempérée par la réflexion. De plus, tant que l’amour, même le plus innocent, sera l’unique occupation de votre vie, vos cœurs se trouveront trop foibles pour assurer à la modestie le paisible azile où elle se plaît à demeurer étroitement unie avec l’humanité.