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grandie par des efforts actifs, on ne peut guères se promettre que la modestie remplace la mauvaise honte. Peut-être trouvera-t-on prudent d’en prendre l’apparence ; mais qu’on se souvienne que ce beau voile ne doit être porté qu’aux jours de réjouissance.

Il n’est guères de vertu qui se marie plus amicalement avec les autres, que la modestie. C’est le pâle rayon de la lune qui rend plus intéressant tous les traits sur lesquels il porte sa lumière adoucie, et qui, en resserrant l’horison, fixe l’œil sur les objets à sa portée, devenus plus touchans. Il n’est point de fiction poëtique aussi belle que celle qui, couronnant le front de Diane d’un croissant d’argent, en fait la Déesse de la chasteté. J’ai quelquefois pensé que quelque Femme modeste de l’antiquité, se promenant d’un pas tranquille dans un lieu solitaire, doit avoir éprouvé le sentiment de sa dignité, quand, après avoir contemplé le paysage dont l’éclat s’éteignoit à moitié sous le voile transparent d’une belle nuit, et l’invitoit avec un zèle pur et tranquille comme son ame, la chaste Phœbé sa sœur,