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sont pas les froids raisonneurs qui seront les plus prompts à contrarier mon opinion. Non, ce seront les hommes à imagination, les favoris du sexe qui extérieurement respectent et intérieurement méprisent les foibles créatures dont ils se jouent. Ils ne peuvent se soumettre à renoncer à la satisfaction des sens ; ni même à goûter l’épicuréisme de la vertu, — l’abstinence.

Pour considérer le sujet par un autre côté, mes observations ne porteront que sur les Femmes.

Les ridicules faussetés[1] qu’on débite

  1. Les enfans voyent de bonne heure les chats, les oiseaux, etc., faire leurs petits. Pourquoi ne leur dit-on pas alors que leurs mères les enfantent et les nourrissent de la même manière ? comme il n’y auroit dans cette explication aucune apparence de mystère, ils n’y songeroient plus. La vérité peut toujours être dite aux enfans, pourvu qu’on la leur dise sérieusement ; c’est l’immodestie d’une modestie affectée, qui fait tout le mal. Cette fumée enflame l’imagination, en tâchant inutilement d’obscurcir certains objets : En effet, pour dérober aux enfans toute connoissance de ces sortes de choses, il faudroit que nous n’y fissions jamais aucune allusion ; mais cette discrétion étant im-