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servent les règles du decorum. Purifiez le cœur, laissez-le ensuite se dilater et sentir tout ce qui intéresse l’humanité, au lieu de le rétrécir par les passions personnelles ; que l’on s’accoutume à contempler des sujets qui exercent l’intelligence sans échauffer l’imagination, et je vous promets qu’une modestie naïve donnera la dernière touche à cet intéressant tableau.

Celle qui peut voir poindre le jour de l’immortalité dans les traits de lumière, qui croisent cette nuit épaisse d’ignorance où nous vivons, respectera, comme un temple sacré, ce corps qui sert de sanctuaire à une ame faite pour se perfectionner. Le véritable amour enveloppe aussi de cette sainteté mystérieuse l’objet chéri ; il rend l’amant présent plus modeste[1]. Sa tendresse est si reservée, qu’en recevant ou rendant des caresses personnelles, il voudroit non-seulement fuir tous les yeux, de crainte que les regards ne les profanassent, mais même s’enve-

  1. L’amant ou l’amante ; car heureusement le monde compte aussi beaucoup d’hommes modestes.