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rité, et son ame peut-elle être souillée par une science dont la voix auguste la rappelle à toi ?

J’ai continué de suivre philosophiquement ces réflexions, jusqu’à ce qu’elles m’amenassent à cette conséquence ; que les Femmes, qui ont fait faire le plus de progrès à leur raison, doivent avoir le plus de modestie, quoiqu’un maintien tranquille et noble puisse avoir remplacé la charmante pudeur de la jeunesse[1] ; et j’ai ainsi raisonné ; Pour faire de la chasteté une vertu d’où découlera naturellement une modestie vraie, il faut détourner l’attention de ce qui n’exerce que la sensibilité, et de faire plutôt trésaillir le cœur d’humanité que palpiter d’amour. La Femme qui a consacré une portion considérable de son tems à des recherches purement intellectuelles, et dont les affections se sont exercées sur des plans utiles à l’espèce humaine, doit avoir naturellement plus de pureté d’ame que les être igno-

  1. La modestie calme et gracieuse, est le partage de la maturité ; la pudique rougeur, le charme de la jeunesse jouissant de la surabondance de la vie.