Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(11)

gage qui s’est glissé des essais moraux dans les romans, et des romans dans les lettres familières, et même dans la conversation.

Ces jolis petits riens, ces expressions chargées de la beauté réelle de la sensibilité, tombant nonchalamment des lèvres, gâtent le goût en créant une sorte de délicatesse que j’appelerois volontiers maladie de nerfs, et qui écarte toujours de la simple vérité sans atours ; en nous inondant de ces sentimens maniérés, de ces transports excessifs, capables d’étouffer les émotions naturelles du cœur, ils rendent insipides les plaisirs domestiques, qui devroient adoucir l’exercice de ces devoirs sévères, par lesquels un être raisonnable et immortel se prépare à agir un jour dans une sphère d’un ordre supérieur.

On s’est plus occupé dans ces derniers tems de l’éducation des Femmes, que par le passé. Cependant on les regarde encore comme un sexe frivole ; et les écrivains qui veulent les corriger par la satyre ou l’instruction, leur prodiguent encore les