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bre : en un mot, elles songeraient que la flamme qu’elles veulent faire monter, pour me servir d’expressions justes quoiqu’allégoriques, a été éteinte par la débauche, et qu’un appétit satisfait, ou pour mieux dire, blâsé, ayant perdu le goût des plaisirs purs et simples, ne peut plus être aiguisé que par les assaisonnemens de la licence ou de la variété. Quelle satisfaction une Femme, tant soit peu délicate, ose-t-elle se promettre à s’unir avec un homme tellement dégradé, que la naiveté même de sa tendresse peut lui paraître insipide ? C’est l’état que Dryden a décrit en parlant de l’orient « où l’amour n’est devoir que pour les Femmes, tandis que les hommes n’y cherchent qu’un plaisir sensuel, qu’ils exigent avec un orgueil barbare. »

Mais une grande vérité que les Femmes sont encore à apprendre, quoiqu’il leur importe beaucoup de s’y conformer dans leur conduite, c’est celle-ci : elles ne doivent point se laisser égarer dans le choix d’un mari, par les qualités qu’elles aimeroient à trouver dans un amant ; car un époux amant ne saurait long-tems de-