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ne vivent que pour plaire, doivent trouver leur puissance, leur bonheur dans le plaisir.

Supposons néanmoins, pour un instant que les Femmes fussent ce que j’espère qu’elles deviendront un jour par une heureuse révolution que je voudrois voir déjà réalisée, il n’y a pas jusqu’à l’amour qui, dans ce changement désirable, acquerroit plus de dignité ; son flambeau, devenu plus pur, seroit celui de la vertu ; consumant ce que leurs affections ont de grossier, il leur donneroit plus de délicatesse, et, leur montrant les objets actuels de leur tendresse sous le jour de la vérité, leur en feroit détourner les yeux avec dégoût. Joignant la raison au sentiment auquel elles sont bornées à présent, elles n’auroient point de peine à se tenir en garde contre des grâces extérieures, et apprendroient bientôt à mépriser une sensibilité qui n’auroit été excitée et nourrie qu’à la manière de celle des Femmes qui font honte à leur sexe, en trafiquant du vice et en n’échauffant les sens que par une coquetterie vraiment indécente, et dont le nom seul, qu’on n’oseroit prononcer, est un oppro-