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quent d’imagination, aussi fuient-ils la solitude, pour chercher des objets sensibles ; mais, quand un écrivain de génie leur prête ses yeux, ils peuvent voir, comme il a vu, et s’amuser des images qu’ils n’auroient pas su choisir, quoiqu’elles fussent également éparses devant eux.

Ainsi l’éducation ne fait que fournir à l’homme de génie des connoissances, pour ménager de la variété et des contrastes dans ces groupes d’idées ; mais il en est une association habituelle, qui croît à mesure que nous croissons, et a le plus grand effet sur le caractère moral du genre humain ; c’est d’elle que l’ame reçoit une disposition qu’elle garde ordinairement pendant toute la vie. L’esprit est si ductile, et en même tems si refractaire, que la raison le débarasse rarement des groupes d’idées, formées par les circonstances survenues durant le période que le corps emploie à parvenir à sa maturité. Une idée en réveille une autre, son ancienne compagne, et la mémoire fidèle aux premières impressions, surtout quand nous ne faisons pas usage de nos facultés intellectuelles pour réfroidir nos sensations,