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Ces esprits déliés paroissent être l’essence du génie ; et rayonnant dans ses yeux, comme le courage dans ceux de l’aigle, produisent, au dégré le plus éminent, cette heureuse et puissante énergie d’un faisceau d’idées, qui surprennent, enchantent et instruisent. Telles sont ces intelligences créatrices, qui concentrent les beautés de l’univers sur un point, pour ravir les autres hommes, en attachant leurs yeux avec intérêt sur les objets réfléchis du miroir de leur imagination ardente, qui en a recueilli les images, en planant dans son vol hardi sur toute la nature.

Qu’on me permette de développer mon idée. La majeure partie des hommes ne peut voir ou sentir poëtiquement ; ils man-

    voulois les embarasser et me mocquer d’eux, si les plus puissans effets, étant produits dans la nature par des fluides, tels que le magnétique, l’électique, etc., les passions ne seroient pas aussi par hasard des fluides très-déliés et très-volatils, propres à l’espèce humaine, qui uniraient les parties élémentaires les plus réfractaires, ou si elles ne seraient pas simplement un fluide igné, destiné à pénétrer les masses les plus inertes, pour y faire circuler la chaleur et la vie ?