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riodes de notre vie. Plusieurs souvenirs sont comme l’éclair de la foudre ; une idée s’assimile à l’autre, et y jette du jour avec une rapidité prodigieuse. Je ne fais pas allusion, en ce moment, à cette prompte perception de la vérité, qui est tellement intuitive qu’elle devance toutes les recherches, et nous ouvrant soudain le nuage, se dérobe à notre vue par sa célérité, jusqu’à nous faire douter si c’est réminiscence ou raisonnement. Nous n’avons que très-peu d’influence sur ces associations instantanées d’idées ; car, quand l’ame s’est une fois élancée dans cette course rapide, ou plongée dans l’abyme de la réflexion, les matériaux grossiers s’arrangent en partie d’eux-mêmes. Le jugement, il est vrai, peut nous empêcher de nous écarter des contours, en dessinant le groupe de nos pensées, ou que nous écrivons sous la dictée de l’imagination de brûlantes esquisses ; mais les esprits animaux, caractère individuel, donnent le coloris. Combien nous et notre raison, nous avons peu de pouvoir sur ce fluide électrique si subtil[1] !

  1. J’ai souvent demandé aux matérialistes, quand je