plutôt qu’un principe essentiel et raisonnable dans tous les tems. Les anciennes opinions prennent la forme des préjugés, quand on les adopte paresseusement et à cause de l’âge qui leur a donné un aspect vénérable, quoique le motif en ait cessé, ou qu’on ne puisse plus en rendre compte. Pourquoi serions-nous attachés à des préjugés, uniquement parce qu’ils sont préjugés[1] ? Un préjugé est une persuasion folle et obstinée dont on ne peut rendre raison ; car du moment où l’on peut donner la raison d’une opinion, elle cesse d’être un préjugé, quoiqu’elle puisse être une erreur de jugement ; or devons-nous caresser les opinions uniquement pour nous défier de la raison ? Cette manière de raisonner, si on peut l’appeler ainsi, me rappele ce qu’on dit vulgairement de la raison des Femmes ; car les Femmes déclarent quelquefois qu’elles aiment ou qu’elles croyent certaines choses, parce qu’elles les aiment ou les croyent.
Il est impossible de converser sur au-
- ↑ Voyez M. Burke.