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corps est d’abord fatiguant, au point que plusieurs trouvent fort commode que d’autres travaillent et pensent pour eux. Une observation que j’ai souvent eu occasion de faire, éclaircira mon idée. Lorsque, dans une société d’étrangers ou de personnes de connoissance, quelqu’un d’un mérite médiocre, soutient une opinion avec chaleur, j’ose affirmer, car je l’ai très-souvent vérifié, que c’est un préjugé. Ces échos ont un grand respect pour l’intelligence de quelque parent ou de quelqu’ami, et, sans comprendre pleinement les opinions qu’ils sont si impatiens de débiter, ils les soutiennent avec un dégré d’opiniâtreté qui doit surprendre la personne même à qui elles appartiennent.

Je sais qu’il est de mode à présent de respecter les préjugés, et que, lorsque quelqu’un s’avise de les heurter de front sans autre motif que celui de la raison et de l’humanité, on lui demande gravement s’il croit que nos ancêtres étoient des fous ? Non, répondrai-je ; les opinions quelles qu’elles soient, ont, sans doute, d’abord été fondées en raison ; mais le plus souvent elles ont eu pour base un motif de localité