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avoir une esclave de sérail à mignarder ; mais il la vouloit entièrement dépendante de sa raison, de sa bonté ; il ne cherchoit point une compagne qu’il fut forcé d’estimer, ou une amie à qui il put confier le soin de l’éducation de ses enfans, en cas que la mort les privât de leur père, avant qu’il eut rempli cette tâche sacrée. Il refuse la raison à mon sexe, l’exclût des connoissances, et l’écarte de la vérité ; mais il est sûr de son pardon, parce qu’il admet la passion de l’amour. Il faudroit quelque franchise, pour montrer l’obligation que lui ont les Femmes d’admettre ainsi l’amour ; car il est clair qu’il ne l’admet, que comme le délassement des hommes et un moyen de perpétuer l’espèce ; mais il en a parlé avec chaleur, et ce chant magique a agi sur la sensibilité de sa jeune panégyriste ; c’est ce qui lui a fait dire : « qu’importe aux Femmes que sa raison lui dispute l’empire, quand son cœur leur est soumis. » Insensées ! renoncez à l’empire ; mais conservez du moins l’égalité. Au reste, si ces Femmes ne vouloient qu’étendre leur sceptre, je les avertis qu’il ne faut pas s’en