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sexe ! enfin il croit à l’amour ; sa grâce est obtenue : qu’importe aux Femmes que sa raison leur dispute l’empire, quand son cœur leur est soumis ; qu’importe même à celles que la nature a douées d’une ame tendre, qu’on leur ravisse le faux honneur de gouverner celui qu’elles aiment ? Non, elles préfèrent de sentir sa supériorité, de l’admirer, de le croire mille fois au-dessus d’elles, de dépendre de lui, parce qu’elles l’adorent ; de se soumettre volontairement, d’abaisser tout à ses pieds, d’en donner elles-mêmes l’exemple, et de ne demander d’autre retour que celui du cœur dont, en aiment, elle se sont rendues dignes. » Elle a raison ! car jamais sensualiste n’a payé avec plus de ferveur son tribut d’adoration à l’autel de la beauté. En effet, son respect pour la personne étoit si pieux, qu’excepté la vertu de chasteté, probablement on se doute pourquoi, il désiroit uniquement la voir embellie par des charmes, des foiblesses et des erreurs. Il craignoit que l’autorité de la raison ne flétrit les jeux folâtres de l’amour. Il vouloit en maître