Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(256)

au rang d’une simple créature humaine ; elle gémira aussi bien de la perte de son cœur, ou de toute autre chose qui en vaudra aussi peu la peine ; ce manque de discernement, cette colère déraisonnable prouve qu’il ne pourroit pas changer sa tendresse pour les charmes de sa Femme en affection pour ses vertus, ou en respect pour son intelligence.

Tant que les Femmes se conduisent d’après de pareilles opinions et les avouent, leur tête, au moins, mérite le mépris de ces hommes qui, n’insultant jamais leurs charmes, ont toujours dirigé leurs traits épigrammatiques contre l’intelligence des Femmes. Et ce sont les sentimens de ces hommes polis, qui ne veulent pas avoir l’embarras de nous trouver une ame, que des Femmes vaines adoptent étourdiment ! Cependant, elles devroient savoir qu’il n’y a que cette raison dont elles ne vengent point les insultes, qui puisse couvrir leurs charmes de cette sainte réserve, propre à rendre les affections humaines, toujours mêlés de quelque bas alliage, aussi stables que d’accord avec le grand but de l’existence — l’acquisition de la vertu.