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point de reproche, quelque piquant qu’il soit, de punition quelque sévère que vous la supposiez, qu’une Femme de courage ne préfère à se voir négligée ; et, si elle endure ces mépris sans se plaindre, cela prouve seulement qu’elle compte se dédommager du peu de soins de son époux, en captivant l’attention d’autres hommes. »

Voilà des sentimens vraiment masculins ! « tous nos artifices sont employés à conquérir et à garder le cœur de l’homme » : qu’en conclure ? Si sa personne, et y eut-il jamais une Femme, même en la supposant belle comme la Vénus de Médicis, qui n’ait éprouvé quelque dédain ? si sa personne, dis-je, est négligée, elle s’en dédommagera, en essayant de plaire à d’autres hommes ! belle morale ! n’est-ce pas là insulter l’intelligence de tout mon sexe, et oter à sa vertu la base commune ? Une Femme doit savoir que sa personne ne peut être aussi agréable à l’homme devenu son mari, qu’au même homme, quand il étoit encore son amant ; et, si elle s’offense d’être descendue de l’autel où il l’adoroit en déesse,