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leur prodiguent des hommes qui n’obéissent alors qu’à l’empire de leurs sens, ont le tort impardonnable de ne pas chercher à faire naître un intérêt durable dans leurs cœurs, ou à devenir les amis de leurs semblables qui trouvent du plaisir dans cette société.

Je m’attends à une objection : — J’ai par-tout entendu crier contre des Femmes masculines qui, voulant ressembler aux hommes, cessent d’être elles, sans devenir eux. Mais où en trouve-t-on de ces Femmes-là ? Si par cette appellation les hommes prétendent s’élever contre leur propre ardeur à chasser, jouer et boire, je me joindrai de tout mon cœur à eux ; mais si c’est contre l’imitation des vertus viriles, ou, pour parler plus exactement, contre l’acquisition de ces talens et de ces vertus dont l’exercice ennoblit le caractère humain, et éleve les Femmes dans la balance des êtres animés jusques à leur vraie place, c’est-à-dire, à être comprises dans l’acception générique du mot espèce hu-