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jours à leurs maris de les laisser seules, de préférer telle ou telle compagnie à la leur, de les traiter avec telle ou telle marque de mépris ou d’indifférence ; quand à dire la vérité, elles y ont donné lieu les premières, et méritent en grande partie le premier blâme, non que je veuille justifier aucune injustice de la part des hommes envers les Femmes. Mais vous êtes-vous conduites à l’égard de vos maris avec une circonspection plus respectueuse et une tendresse plus égale ? en étudiant leurs humeurs, en ayant l’indulgence de ne pas vous appercevoir de leurs méprises, en vous soumettant à leurs opinions dans des sujets indifférens, en excusant de petites inégalités de fantaisie ou d’humeur, en faisant de douces réponses à des questions brusques, en vous plaignant aussi rarement que possible, en regardant comme votre soin de tous les jours de soulager leurs inquiétudes et de prévenir leurs vœux, d’egayer l’heure de l’ennui et de ramener les idées de félicité. Si vous aviez suivi cette conduite, je ne doute pas que vous n’eussiez maintenu et même augmenté leur estime, jusqu’au point de vous assu-