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sipide personne. Je sens bouillir ma bîle à l’aspect d’un prêcheur qui s’occupe de mantelet ou de broderie, et bien plus encore de l’entendre s’adresser aux belles anglaises, les plus belles des belles, comme s’il n’y avoit qu’elles aimables.

Il se sert même du raisonnement suivant pour recommander la piété : « Peut-être rien ne frappera-t-il plus profondément une belle Femme, que cette considération, c’est que quand elle est recueillie pieusement et tout-à-fait livrée aux sujets de méditations les plus importans, elle prend, sans s’en douter, un air de dignité supérieure et de nouvelles graces ; de sorte que l’éclat de la sainteté semble rayonner autour d’elle, et que les spectateurs sont tentés de la croire déjà au milieu des chœurs des anges dont elle semble partager la nature » ! Pourquoi élever les Femmes à ces desirs, à ces projets de conquête ? Toute épithète, employée en ce sens, me fait trésaillir d’une manière désagréable. Eh ! quoi, la religion et la vertu n’ont-elles pas de plus puissans motifs, de récompense plus touchante ? Faut-il tou-