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homme avec la douceur propre à son sexe, au moment même qu’il la traite en tyran, n’est produite que par des vues étroites, et la crainte lâche de l’égoïsme ? Non, la nature n’a jamais dicté cette conduite fausse ; — et, quoiqu’on appelle vertu une prudence de ce genre, il n’en est pas moins vrai, que la moralité de nos actions deviendroit vague, si l’on supposoit qu’on pût l’appuyer quelquefois sur la fausseté. Ne voyons-là que des expédiens pour se tirer d’embarras, et souvenons-nous que les expédiens ne servent que pour le moment.

Qu’un mari se garde bien de se fier trop implicitement à cette obéissance servile ; car si sa femme, quoique fachée, et devant l’être encore, à moins que le mépris n’ait éteint sa colère, peut le caresser avec tant de douceur, elle pourra également le faire au sortir des bras d’un amant. Ce sont-là les préludes de l’adultère : supposons, si l’on veut, que la crainte du monde ou de l’enfer étouffe en elle le désir de plaire à d’autres hommes, quand elle ne peut plus plaire à son mari, quel remplacement, quel dédommagement pourra trouver un être, uniquement formé par la nature et