Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(200)

nimité imprime au maintien. Je dis maintien, car la douceur naturelle ne s’établit jamais dans le cœur, que comme un effet de la réflexion ; cette violence qu’on est obligé de se faire, tourment la vie domestique par beaucoup de mauvaise humeur, de l’aveu même des hommes sensibles, qui trouvent une compagne très-fatiguante dans ces Femmes merveilleuses à nerfs si irritables.

« Chacun, poursuit Rousseau, doit garder le ton de son sexe ; un mari trop doux peut rendre une Femme impertinente ; mais à moins qu’un homme ne soit un monstre, la douceur d’une Femme le ramène, et triomphe de lui tôt ou tard ».

Oui, la douceur de la raison ; mais la crainte abjecte inspire du mépris, et les larmes ne sont éloquentes, que lorsqu’elles roulent sur de belles joues.

De quels élémens est dont composé ce cœur qui s’attendrit quand on l’insulte, et au lieu de se révolter en éprouvant une injustice, inspire de baiser la verge qui nous frappe ? Est-on mal-fondé à conclure que la vertu de celle qui peut caresser un