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trente ans, que les hommes. Il est vrai que les petites malices innocentes des enfans ont un charme particulier ; mais quand la première fraîcheur de la jeunesse est passée, ces grâces naïves deviennent des airs étudiés, et déplaisent aux personnes de goût ; on ne cherche dans la contenance des jeunes filles que la vivacité et la modestie ; mais, dans l’âge mûr, on veut de la dignité dans la figure, on y regarde moins l’impression des esprits animaux que la trace des passions, pour démêler le caractère individuel qui se prononce d’après les affections[1] ; alors on veut converser et non jouer. On veut donner carrière à l’imagination, raisonner et sentir.

À vingt ans, la beauté des deux sexes est la même ; mais le libertinage des hommes y met de la différence, et les coquettes surannées sont communément de la même opinion ; car quand elles ne peuvent plus guères inspirer d’amour, elles s’en prennent à la jeunesse.

  1. La force d’une affection, est généralement en proportion du caractère de l’espèce dans l’objet aimé ; mais elle se perd dans celui de l’individu.