Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(161)

rience, pour décider si les jeunes gens qu’on introduit de bonne-heure dans le monde (les exemples en sont maintenant fréquens) n’acquièrent point la même précocité. C’est un fait si notoire, qu’il suffit d’un premier coup d’œil sur la société, pour y découvrir une foule d’hommes singes, dont l’intelligence a été rétrécie pour y avoir été introduits dans un tems où ils auroient dû fouetter le sabot ou jouer avec le cerceau.

Quelques naturalistes ont également assuré que les hommes n’atteignent le complément de leur croissance et de leur force qu’à trente ans, tandisqu’à l’âge de vingt ans, les Femmes sont en pleine maturité. Je crains bien qu’ils ne partent d’un faux principe, du préjugé masculin qui regarde la beauté comme la perfection de la Femme, — uniquement la beauté des traits et du visage, tandisque la beauté virile est censée avoir quelque rapport à l’esprit. La force du corps et cette expression caractéristique que les français appellent physionomie, les Femmes ne peuvent pas plus en avoir le complément avant