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distinctions arbitraires de la fortune. Le mal est quelquefois encore plus sérieux ; elles refusent un repos légitime aux domestiques dont elles excèdent les forces, afin de mettre madame en état de tenir une meilleure table et de briller plus que ses voisins ; si elle s’occupe de ses enfans, c’est en général pour les mettre d’une manière coûteuse ; et que cette attention vienne de vanité ou de tendresse, elle n’en produit pas un effet moins dangereux.

En outre, combien de femmes de cette sorte, passent leur journée ou du moins leur après-midi dans l’ennui le plus complet. Leurs époux leur rendent justice ; mais tout en convenant qu’elles sont de bonnes ménagères et des Femmes vertueuses, ils fuient d’un logis où ils se déplaisent, pour aller chercher ailleurs une société plus piquante, et la patiente ouvrière, qui remplit sa tâche comme la pauvre bête de somme au moulin, se trouve privée de sa juste récompense ; car les gages qui lui sont dûs, consistent dans les caresses d’un mari ; et les Femmes qui ont si peu de ressources en elles-mêmes, ne