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me, il faut lui reconnoître en même tems, pour occupation de sa vie, une intelligence à perfectionner. Or, quand, afin de rendre l’état actuel le plus complet, quoique tout prouve qu’il n’est qu’une petite fraction d’une grande somme, la Femme oublie sa grande destination pour des plaisirs présens, elle contrarie la nature, ou bien elle n’étoit née que pour propager l’espèce, et se dissoudre dans la tombe. Admettroit-on un autre systême, et voudroit-on supposer aux Femmes, comme aux animaux de tout genre, une ame non-raisonnable, pour en conclure que l’exercice de l’instinct et de la sensibilité est le premier pas qu’elles doivent faire dans cette vie vers la raison qu’elles atteindront dans une autre ? Il résulteroit de cette étrange hypothèse, qu’elles resteroient pendant toute l’éternité derrière l’homme, qui, je ne sais par quel privilège, auroit reçu la faculté d’arriver à la raison dès le premier mode de son existence.

Comme en traitant des devoirs particuliers des Femmes, j’aurai en même tems à traiter de ceux du citoyen ou du père de famille, j’avertis d’avance que je ne