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y remplissant les devoirs importans de la vie, d’après leur conscience et les lumières de leur raison. « Élevez les Femmes comme les hommes, dit Rousseau, et plus elles ressembleront à notre sexe, moins elles auront d’empire sur lui. » C’est précisément là le but où je vise. Je voudrois leur voir de l’empire non sur les hommes, mais sur elles-mêmes.

J’ai entendu s’élever de la même manière contre l’instruction des pauvres ; car l’aristocratie prend plus d’une forme : « apprenez-leur, nous disent-ils, à lire et à écrire, vous les tirerez de la place où la nature les avoit mis. » Un français a victorieusement réfuté cette fausse maxime. Je lui emprunterai son principal argument. Ils ne savent donc pas qu’en réduisant l’homme à l’état d’une brute, ils doivent s’attendre à tout moment à le voir devenir une bête féroce. Non, il ne sauroit y avoir de moralité sans instruction !

L’ignorance est une base bien fragile pour la vertu ; telle est cependant la condition à laquelle la Femme est destinée, du moins au dire des défenseurs les plus zélés de la supériorité de l’homme, supério-