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leur ne se concentre jamais jusqu’à devenir persévérance. Elles ont bientôt jetté leur premier feu qui s’épuise de lui-même, ou qui, se portant sur quelqu’autre objet fugitif, aussi peu digne de les fixer que le premier, ne leur laisse que le dégoût de tous. Il est bien malheureux en effet, cet être dont la culture de ses facultés morales n’a tendu qu’à enflammer ses passions. Car il faut distinguer entre les enflammer et les fortifier. Les passions ainsi exaltées, tandisqu’on laisse le jugement imparfait, quel doit-être le résultat ? — Nécessairement un mélange de fureur et d’imbécillité.

Cette observation ne se borne point au beau sexe ; mais c’est à lui seul que je veux l’appliquer pour le moment.

Les romans, la musique, la poësie, la galanterie, tout semble disposer les Femmes à ne se conduire que par leurs sensations ; on forme leur caractère là-dessus durant tout le tems consacré à acquérir des avantages du corps et de l’esprit, de manière qu’arrivées dans le monde et au poste qu’elles y doivent occuper, c’est tout ce qu’elles y apportent en effet : cette sen-