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ont élevé des trônes aux Femmes ; et jusqu’à ce que le monde devienne plus raisonnable, il est à craindre que les Femmes ne se prévallent elles-mêmes d’un pouvoir qui leur coûte si peu à obtenir, et qui est le moins susceptible de contestation. Elles souriront, oui, elles souriront, quoiqu’on leur dire : « Que dans l’empire de la beauté, la Femme est esclave ou reine, et qu’il n’y a point de milieu pour elles entre l’adoration ou le mépris ». Il est vrai que l’adoration marche la première, et que le mépris vient ensuite.

Louis XIV, particulièrement, introduisit des mœurs factices, et par des moyens spécieux, prit toute la nation dans ses filets : le peuple, enlacé d’une chaîne tissue avec art, devint lui-même complice de son despotisme ; et les Femmes qu’il flatta par une puérile attention pour le sexe en général, obtinrent sous son règne cette espèce d’empire si fatal à la raison et à la vertu.

Un roi est toujours roi, et une Femme est toujours Femme[1]. L’autorité de

  1. On peut ajouter que l’esprit est toujours de