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talité, si l’on veut bien me passer cette expression, est la perfectibilité de la raison humaine ; car si l’homme avoit été créé parfait, ou s’il avoit la science infuse, je douterois de son immortalité ; mais dans l’état actuel des choses, les difficultés morales qui échappent à l’investigation des penseurs les plus profonds et aux brillans éclairs de génie, sont l’argument sur lequel je m’appuie pour croire à l’immortalité de l’ame : la raison est conséquemment le simple pouvoir de perfectionnement, ou pour mieux dire, de discerner la vérité. Chaque individu est, à cet égard, un monde en lui-même. La raison est plus ou moins sensible dans tel ou tel individu ; mais elle doit être de la même nature pour tous, si elle est une émanation de la divinité, si elle forme le nœud qui lie la créature au créateur ; car comment auroit-il empreint son image céleste sur une ame qui ne seroit pas perfectible par l’exercice de sa propre raison[1] ? ce-

  1. Les brutes, dit le Lord Monboddo, restent dans l’état où la nature les a placées, elles ne s’en écartent qu’autant que leur instinct reçoit de nous quelque per-