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Je crois la voir entourée de ses enfans, recueillant le fruit de sa tendre sollicitude : l’innocence et la santé sourient sur leurs visages potelés, et à mesure qu’ils grandissent, leur attention reconnoissante la soulage des soins de la vie : elle vit pour les voir pratiquer les vertus dont elle a taché de leur donner les principes, pour les voir parvenir à une force de caractère qui les mette en état de supporter l’adversité, et de montrer le courage dont elle leur a donné l’exemple.

C’est ainsi qu’après avoir rempli la tâche de la vie, elle s’endort paisiblement dans les bras de la mort, et peut dire en s’éveillant : « Vous ne m’aviez donné qu’un talent, et en voilà cinq ».

Je vais me résumer en peu de mots ; car ici je jette le gant et je nie l’existence des vertus sexuelles, sans en excepter la modestie. La vérité, si j’entends la signification de ce mot, doit être la même pour des hommes et pour les Femmes : cependant le caractère de fantaisie que les poëtes et les romanciers donnent aux Femmes, exige le sacrifice de la vérité. La vertu devient une idée relative, sans autre