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mettre gracieusement à leur dépendance ; cependant, chargée d’une nombreuse famille, comment trouvera-t-elle un autre protecteur, un mari qui supplée le défaut de raison, un homme raisonnable, car nous ne parlons point ici d’une passion romanesque ? et quand la mère seroit à son gré, l’amour ne lui fera point épouser toute une famille ; il ne lui sera pas difficile de trouver dans le monde des Femmes plus aimables encore : que deviendra donc cette infortunée ? Ou elle sera la proie facile de quelque pourchasseur de fortune qui dépouillera ses enfans de l’héritage paternel et la rendra misérable, ou elle deviendra la victime d’une aveugle complaisance, incapable d’élever

    la résistance. Alors l’amour-propre se joint au désir et l’un triomphe de la victoire que l’autre lui fait remporter. De-là, naissent l’attaque et la défense, l’audace d’un sexe, et la timidité de l’autre, enfin la modestie et la honte dont la nature arma le foible pour asservir le fort ».

    Rousseau. Emile.

    Je me contenterai pour tout commentaire, sur cet ingénieux passage, d’observer qu’il offre la philosophie des plaisirs purement sensuels.