Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(92)

leur corps, et tournant continuellement autour de sa cage dorée, il ne cherche qu’à orner sa prison. Les hommes sont forcés de diviser leur attention sur la diversité de leurs emplois et de leurs projets ; cette variété donne de l’extension à leur intelligence ; mais toute l’attention des Femmes est renfermée dans un seul objet, et leurs pensées n’étant constamment dirigées que vers la partie la plus insignifiante d’elles-mêmes, rarement leurs vues s’étendent-elles au-delà du triomphe du moment. Si leur entendement étoit une fois affranchi de la servitude dans laquelle le retient l’orgueil et le libertinage de l’homme, ainsi que leurs désirs imprévoyans comme ceux des tyrans de nos jours, nous lirions, sans doute avec surprise, l’histoire de leur foiblesse qui nous paroîtroit exagérée.

Peut-être s’il existoit réellement un être méchant qui, suivant le langage allégorique de l’écriture, cherchat continuellement à dévorer, le plus sûr moyen qu’il pourroit trouver de dégrader l’espèce humaine, seroit de donner à l’homme le pouvoir absolu.

Cette concession se divise en plusieurs