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de ne pas se laisser influencer par ce qui les entoure, et si la page du génie est toujours tachée des préjugés de son siècle, comment ne pas passer quelque chose à un sexe qui, semblable aux rois, ne voit les objets qu’à travers un milieu qui les défigure.

Il est donc facile de rendre raison du goût des Femmes pour la parure, sans supposer qu’il provient du désir qu’elles ont de plaire au sexe qui les tient dans sa dépendance : l’absurdité d’imaginer qu’une fille est naturellement coquette, et que cette coqueterie se manifeste en elle avant même qu’une vicieuse éducation, en enflamant son imagination, ait prématuré ce défaut, cette absurdité, dis-je, est si peu philosophique, qu’un observateur tel que Rousseau ne l’auroit point adoptée s’il n’avoit été dans l’habitude de sacrifier la raison à la singularité, et la vérité au paradoxe.

Tout cela ne s’accorde guères avec les principes d’un homme qui a soutenu avec tant de chaleur la thèse de l’immortalité de l’ame mais la vérité est une bien foible barrière quand elle se trouve sur