Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(85)

rendus dépendans, on appelle cette dépendance, naturelle.

Pour l’intérêt de la beauté dans laquelle on fait consister la gloire des Femmes, on suit à leur égard une méthode pire que celle des Chinois : on enchevêtre leurs membres et leurs facultés, et la vie sédentaire à laquelle on les condamne tandis que les garçons jouent en plein air, affoiblit les muscles, et relâche le genre nerveux. Quant à l’observation de Rousseau, répétée depuis par différens écrivains, que les Femmes, indépendamment de leur éducation, ont un goût naturel pour les poupées, la toilette, le caquetage ; elle est si puérile, qu’elle ne mérite pas une réfutation sérieuse. Qu’une fille condamnée à écouter des heures entières le babil insignifiant de sa Bonne, ou d’assister à la toilette de sa mère, tâche de se mêler à la conversation ; c’est, en effet, une chose très-naturelle : qu’elle s’amuse à orner sa poupée à l’imitation de ce qu’elle a vu faire à la toilette de sa mère ou de ses tantes, c’est encore une conséquence bien naturelle de sa position ; car les hommes du plus grand mérite ont rarement la force