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physique, comment les Femmes sont-elles assez insensées pour s’enorgueillir d’un défaut ? Rousseau leur fournit une excuse spécieuse qui ne pouvoit se présenter qu’à un homme dont l’imagination avoit le privilège de s’égarer et de renchérir sur les impressions les plus subtiles des sens les plus exquis. C’est afin qu’elles puissent avoir un prétexte de suivre leurs goûts naturels, sans déroger à cette pudeur romantique qui satisfait l’orgueil et le libertinage de l’homme.

Les Femmes, abusées par ces opinions, se vantent quelquefois de leur foiblesse, et prennent de l’empire sur celles des hommes par ce jeu de leur vanité. Elles peuvent bien alors se glorifier de leur puissance illicite ; car, comme les Bachas, elles ont un pouvoir plus réel que leurs maîtres ; mais la vertu est sacrifiée à des satisfactions passagères, et l’estime de toute la vie au triomphe d’une heure.

Les Femmes et les despotes ont peut-

    de notre espèce ; et voilà comment l’art peut tendre incessamment à perfectionner l’instrument donné par la nature. « Le monde est le livre des Femmes. »