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vidus tirés de la masse commune du genre-humain ; n’ont-ils pas cependant été toujours traités, et ne le sont-ils pas encore, avec une vénération qui outrage la raison ? La Chine n’est pas le seul pays où l’on ait fait un dieu d’un homme : pour avoir quelque repos, les hommes se sont soumis à un maître ; il en a été de même des Femmes, et jusqu’à ce qu’il soit prouvé qu’un courtisan qui fait abnégation de ses droits naturels, n’est pas un être moral, on ne peut pas démontrer que la Femme est inférieure à l’homme, car elle a toujours été subjuguée.

Une force brutale a jusqu’ici gouverné le monde. La science la plus utile aux hommes, la politique est encore dans l’enfance, et ce qui le prouve bien évidemment, c’est que les philosophes n’osent la regarder comme une véritable science.

Je ne poursuivrai ce raisonnement que pour en tirer la conclusion naturelle, que puisqu’il est de la saine politique d’étendre la liberté, le genre humain en y comprenant les Femmes, en deviendra plus vertueux et plus sage.